Le marbre a été lustré, les plaques dépoussiérées, une composition florale plantée dans la jardinière. Yann Lepage est accroupi près de la tombe dont il vient de terminer l’entretien, à Pérols, au sud de Montpellier. Il sort un appareil photo de sa sacoche. En un clic immortalise l’avant et l’après. La preuve qu’il a bien effectué la prestation pour laquelle son client a mandaté sa société “En sa mémoire”.
Du cimetière marin à Sète jusqu’au Père-Lachaise à ParisLe siège de l’entreprise, fondée en 2008, se situe à Cadolive, non loin d’Aix-en- Provence. La zone d’intervention de Yann Lepage et de son associé Flavien Jourdain est partie de la région Paca pour s’étendre en Languedoc-Roussillon, dans le Sud-Ouest et en Ile-de- France.
Les deux hommes parcourent des kilomètres pour prendre soin des sépultures qu’on leur a confiées. Du cimetière marin à Sète jusqu’au Père-Lachaise à Paris. Le contrat d’entretien est passé grâce à un simple clic sur internet, vitrine de la start-up. La magie des nouvelles technologies permet donc à n’importe quel mortel de s’occuper à distance de ses proches disparus. “Notre clientèle vit loin du lieu où repose son parent décédé ou à proximité mais ne peut plus entretenir la tombe”.
“On a 1 000 clients, dont un peu plus de 150 en Languedoc-Roussillon”
Le forfait est variable en fonction de la régularité de l’intervention : 27 € pour quatre passages par an, 37 pour six, 68 pour douze. Chaque visite comprend le lavage de la tombe avec des produits biodégradables, le nettoyage manuel des ornements, et le fleurissement de la sépulture par une trentaine de compositions laissées au choix du client. Sans oublier le cliché attestant du travail, expédié par mail. “Quand nous avons beaucoup de tombes à gérer, on peut se permettre de salarier une personne. C’est le cas à Narbonne”.
Unique en France, la petite entreprise a généré l’année dernière un chiffre d’affaires de 300 000 €. Emploie quatre personnes. Espère prospérer sur le territoire pour en embaucher d’autres. “On a 1 000 clients, dont un peu plus de 150 en Languedoc-Roussillon”.
Yann Lepage et Flavien Jourdain ont engagé toutes leurs économies dans leur start-up, arrivent depuis peu à sortir la tête de l’eau : “L’aventure est belle. Humaine”, confie le premier qui évoluait auparavant dans un milieu aux antipodes des derniers lieux de repos de l’âme. “Je passais ma vie dans les avions, en costard cravate, pour une grosse entreprise d’agroalimentaire, à ne penser qu’aux parts de marché”.
L’idée a germé quand, loin des siens, Yann Lepage a été confronté à la problématique d’entretenir la sépulture familiale. Aujourd’hui, ceux à qui il facilite la vie le surnomment “Le jardinier du souvenir”.
www.en-sa-memoire.fr
PATRICIA GUIPPONI
24/04/2012