La retransmission sur smartphone, tablette ou ordinateur, permet d’assister à distance à la cérémonie. (MAXPPP)
Faire-part, entretien des tombes : internet investit le funéraire. La région est pionnière en obsèques high-tech.
Faire livrer des chrysanthèmes commandés sur internet pour fleurir la tombe d’un parent, est devenu pratique courante. Presque désuète. Assister à la crémation d’un proche sur l’écran de son smartphone, ou via sa tablette, est plus insolite. Or, désormais c’est tout à fait possible. À Paris, bien sûr. Mais pas seulement. LeLanguedoc-Roussillon est la région pionnière en la matière.
Les crématoriums de Trèbes dans l’Aude et de Canet-en-Roussillon dans les Pyrénées-Orientales, gérés par la famille Guizard, spécialiste des pompes funèbres depuis des générations, offrent ce service high-tech.
“Il y avait des demandes en l’espèce. Nous essayons de nous adapter au mieux à notre époque”, indique George Medon, responsable informatique de l’entreprise.
“On n’est pas sur place dans des moments cruciaux” Eric Fauveau
Une caméra, placée dans la salle des hommages, permet à un proche du défunt, qui n’a pu se déplacer, d’assister en direct à la cérémonie sur internet, grâce à un mot de passe confidentiel et sécurisé. L’usage est strictement privé.
“Les flux sont protégés. On n’est pas sur YouTube !”, tient à souligner Eric Faveau, gérant d’Afterweb Venture, société parisienne en ligne prestataire du service. La crémation se déroule dans le plus grand respect des présents et de leur peine.
“Si un membre de la famille ne souhaite pas être filmé, il sera placé hors champ. Et l’enregistrement peut être interrompu à tout moment si c’est nécessaire”, observe Eric Fauveau.
Lui n’a fait qu’exporter un procédé qui existe depuis des lustres dans les très pieux États-Unis. “Notre époque veut que l’on se déplace, vive loin des siens. On n’est pas sur place dans des moments cruciaux. Parfois aussi, on ne peut être là pour des raisons de santé, d’âge, de coût de transport.”
La toile, où s’expriment des milliards d’individus au vu et au su de tous, vient alors établir un lien plus profond et intime. “Le dispositif sera bientôt doté d’un autre outil : la personne absente interviendra si elle le souhaite pour dire un mot lors de la cérémonie”, précise George Medon, des crématoriums audois et catalan.
Brisé le tabou de la mort ?
Le web a donc progressivement brisé le tabou de la mort, car le marché funéraire n’en est pas à ces premiers essais dans le monde du virtuel.
Faire-part, avis de décès électroniques, sites de célébration en la mémoire du défunt, et même entretien à distance des tombes. L’Aixois Yann Lepage, cogérant de la start-up “En sa mémoire”, parcourt depuis 2008 le grand Sud pour rendre ce service, contracté en un simple clic, contre rémunération.
À la Toussaint et pas seulement. Les routes et les cimetières deSète, Pérols, Narbonne où un salarié de l’entreprise d’entretien est affecté à temps plein, n’ont plus de secret pour lui : “Bien qu’internet soit le vecteur de ces nouveaux métiers, je vois dans la démarche de mes clients un recentrage sur les valeurs, la famille.” Un retour à l’essentiel. L’humain.